Traumatismes de l’enfance : le bien-être est possible

C’est l’automne qui débute, et avec cette saison, vient le temps du cocooning et des soupers réconfortants entre amis. Mon amie Marie m’a invitée récemment à un souper chez elle avec quelques-unes de ses amies. Le soir-dit, nous sommes toutes assises à table, à déguster les plats de Marie, mais surtout, à discuter. Plus la soirée avance, plus les discussions prennent une tournure personnelle. Une des femmes présentes parle de son incapacité à ressentir le plaisir lors de relations sexuelles. On lui dit que c’est parce qu’elle ne se laisse pas assez aller, qu’elle doit communiquer ses besoins à son partenaire. Elle nous avoue ensuite, d’une voix douce et un peu gênée, qu’elle a déjà subi des attouchements non désirés, adolescente. Le bien-être est, pour elle, un défi quotidien. Un silence a suivi cette confidence.

Une étude révélatrice

À la maison, le soir venu, encore touchée par cette confidence, je me suis questionnée : est-ce que les traumatismes psychologiques ont un impact sur la vie physique? Je me doutais bien que oui, mais c’est en tombant sur une étude* menée sur 51 femmes victimes de traumatismes durant l’enfance que j’en ai eu la confirmation. Les chercheurs ont démontré que les traumatismes de l’enfance altèrent de façon permanente les structures du cerveau (vu par imagerie par résonnance magnétique). Par exemple, les femmes qui ont été agressées sexuellement ont une zone du cerveau plus mince à l’endroit où sont reçus les signaux des parties génitales (le cerveau a probablement bloqué cette zone pour se protéger). Bref, les difficultés de ces femmes ne sont pas uniquement psychologiques, mais aussi physiologiques. Leur cerveau s’est carrément remodelé! Dans le cas de celles qui ont eu un traumatisme lié à la violence verbale, c’est plutôt une zone du cortex pariétal qui est plus mince. Ces femmes ont davantage tendance à souffrir de dépressions ou d’anxiété.

C’est la première fois qu’on démontre l’explication biologique des traumatismes. Il existe donc une relation directe entre la gravité du traumatisme et l’effet sur le cerveau. Jusqu’à l’âge de 12 ans, le cerveau est malléable, donc si le traumatisme cesse, le cerveau se guérit. Par contre, après l’âge de 12 ans, c’est plus difficile. Cependant, à force de thérapies soutenues et d’expériences positives, il est possible de soigner ses neurones.

Au lieu du silence

Je crois qu’on a tendance à culpabiliser les personnes qui sont coincées dans une spirale négative, à leur dire que leur problème est psychologique. Je suis certaine que l’amie de Marie a suivi des thérapies pour pouvoir guérir cette blessure, ce qui est extraordinaire. Par contre, un aspect doit être considéré, comme le prouve cette étude : l’impact n’est pas seulement psychologique, mais aussi biologique! Bref, on devrait aimer les personnes blessées plutôt que de les culpabiliser. On devrait les écouter de tout notre cœur, sans jugement, plutôt que de garder un silence gêné. C’est ce que j’aurais aimé faire à ce fameux souper, et dire à cette amie à quel point les ressources inestimables de son cerveau lui donnaient toutes les chances possibles d’expérimenter un jour le plaisir et le bien-être, sous toutes ses formes!

Marie-Josée

* Étude menée par Jens Pruessner, psychologue professeur de l’Université McGill et chercheur à l’Institut universitaire de santé mentale Douglas et Christine Heim, qui dirige l’Institut de psychologie médicale de l’Hôpital universitaire de la Charité de Berlin en Allemagne, publiée dans l’American Journal of Psychiatry. Voir le lien vers l’article.

Marie-Josée Boudreau

Co-fondatrice de Bonheur en vrac, Marie-Josée assure la direction générale de l’entreprise et le rôle d’éditrice en chef.
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