Assise sur la plage d’un charmant petit lac à la campagne, j’écoutais des parents dire à leurs enfants « profitez-en bien, ce sont les vacances et ça ne dure pas longtemps! » Hum, effectivement, surtout au Québec où la vaste majorité des travailleurs n’ont que deux ou trois semaines de vacances par année. La majorité profite de ces maigres vacances pour tenter de s’évader au maximum de la routine, refaire le plein d’énergie et finir les projets laissés en suspens faute de temps. Secrètement, on espère que cette pause sera suffisante pour nous permettre de nous propulser… jusqu’aux prochaines vacances. Mais est-ce le cas ? Et que se passe-t-il entre ces moments où on tente consciemment « d’en profiter au maximum » ? On retient notre souffle?
Je ne peux retenir mon souffle plus de 2 minutes. Alors je n’ose penser tenir le coup 50 semaines consécutives… Pourtant, c’est ce que la plupart d’entre nous faisons. Sommes-nous vraiment présent quand nous travaillons, ou faisons des tâches ménagères ? Ne vous arrive-t-il pas de ne pas savoir qui conduisait la voiture entre le boulot et la maison, ou de ne pas pouvoir vous rappeler ce que vous avez fait le jour précédent ou le jour même ? C’est à croire qu’il y a des choses qui méritent d’être vécues, comme nos vacances, et d’autres qu’on préfère vivre en pilote automatique. Mais comme les vacances sont plutôt rares, n’est-ce pas désolant de penser que 90% de notre vie n’est pas significative et digne d’être vécue?
Pourtant, il suffit de rencontrer une personne mourante pour prendre conscience que même les gestes les plus communs, comme ouvrir les yeux le matin, peuvent être source d’émerveillement et de gratitude. Ces gens en fin de vie que j’ai rencontré m’ont tous dit à quel point ils regrettent de ne pas avoir vécu plus tôt les yeux et le cœur ouverts. Côtoyer la mort nous amène à aimer passionnément la vie et à y être plus présent. Quelle joie que de prendre quelques instants pour respirer, sentir l’air sur la peau, ou rire des singeries des enfants! Quel bonheur que de goûter les premières tomates du jardin ou simplement de sentir l’eau chaude de la douche sur la peau – rien de mieux que le camping sans eau pour apprécier ce bonheur simple de retour à la maison!
J’appelle tous ces moments où je vis seulement pour jouir de la vie des « micro-vacances ». Pendant quelques minutes, je vis. Complètement. Je ne suis pas juste en train de faire la vaisselle ou de travailler. Non, je suis là, complètement présente et ouverte, sans aucune attente. J’ai alors l’impression que le temps et l’espace se dilatent pour se gorger d’amour et de joie. Sans effort aucun, je me laisse glisser dans cet univers si riche et si nourrissant. J’en ressors toujours revigorée et apaisée, prête à affronter avec calme et bonne humeur les inévitables vagues de la vie quotidienne.
Mes micro-vacances sont pour moi mille fois plus significatives que mes « vraies » vacances. Chaque jour, plusieurs fois par jour, je fais le plein. Ces petites pauses font que même les journées les plus banales sont uniques et significatives. Lorsque, pour une raison ou une autre, je ne prends pas suffisamment de micro-vacances, je note immédiatement un effet sur mon énergie et mon humeur. Je pense alors au fait que j’ai, moi aussi, une maladie incurable qui m’attend au détour… Quand ? Je ne sais pas. La mort nous guette tous un jour ou l’autre au moment où on s’y attend le moins. Alors, juste au cas où ce jour serait aussi le dernier, j’en profite au maximum et je fais le plein de ces micro-vacances bien méritées !
Bonnes (micro)-vacances à vous tous!
Geneviève